Le contexte politique actuel nous engage à entendre et aborder certains sujets, à en comprendre les enjeux pour construire un avenir plus serein, alors que la pandémie laisse des femmes et des hommes en grande fragilité. Les enjeux qu’il nous semble essentiel de voir abordés au cours de cette campagne sont ceux qui touchent à l’emploi, au pouvoir d’achat, à la santé et aux quartiers populaires. Nous nous inquiétons de voir les thématiques de l’extrême droite occuper de larges pans du débat, notamment avec des discours de rejet et de haine. Chrétiens, nous puisons notre espérance dans l’Evangile : « chaque fois que vous le faites à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous le faites » (Mathieu, 25, 40). Voilà ce qui nous fait vivre. Les crises sociale, environnementale ou migratoire nous appellent à plus de solidarité au sein du monde populaire et ouvrier. Ne laissons pas la xénophobie et les discours de haine l’emporter. Face au piège des divisions, mettons l’exigence de justice sociale au cœur de la campagne. L’émergence du tout numérique, la dégradation et la privatisation du service public, les délocalisations industrielles, la réforme de l’assurance chômage ou les réformes annoncées font grandir un sentiment d’abandon voire d’exclusion des personnes les plus vulnérables. Nous ne pouvons pas accepter cette évolution. « L’histoire de l’ACO s’inscrit dans celle du mouvement ouvrier, avec ses lumières et ses ombres. Cette histoire s’écrit au présent. Elle est espérance d’un avenir dont toutes les formes d’exploitation et de négation de l’être humain seraient bannies », précise la charte des fondements de l’ACO.
L’Action catholique ouvrière est solidaire du secteur associatif et syndical, des personnes engagées, militantes. Elle se situe aux côtés de celles et ceux qui luttent pour la justice sociale, agissent au service des plus fragiles et du bien commun. Elle participe aux luttes pour sauver les emplois dans l’industrie, préserver les postes au sein du service public et garantir la dignité des travailleurs précaires ou privés d’emploi. Elle invite chacune et chacun à entrer dans une dynamique de transformation du monde vers plus de justice, de fraternité et de paix. Devenons co-créateurs d’un monde meilleur ! Dominique, militant et conseiller municipal, témoigne ainsi des valeurs qu’il défend à travers son engagement politique : « le respect de la femme et de l’homme en tant qu’individus avec leur capacité à décider de leur vie, dans un système politique garantissant leur dignité … Cela passe par le droit à l’éducation, à un revenu d’existence, le rejet de toute forme d’exploitation ou de discrimination, le respect de la planète ». Il est plus que jamais nécessaire d’évoquer le droit à la dignité alors que les libertés sont fondamentalement remises en question. La répression des manifestations ou des actions syndicales, associatives ou citoyennes cache un déni des causes réelles de maux qui affaiblissent la société et les êtres humains. La dégradation du climat, les orientations libérales qui menacent l’écologie et accentuent la précarité, la diminution du pouvoir d’achat, l’augmentation de la pauvreté ou la stigmatisation des jeunes et des étrangers provoquent des mouvements sociaux injustement bafoués.
Les prochaines campagnes présidentielles et législatives seront déterminantes pour notre avenir. Catherine, dans son témoignage, nous rappelle l’importance de prendre notre place pour changer la société : « être éveilleur, acteur, rassembler une population autour d’un projet. La politique ne donne plus goût. A nous de lui redonner des saveurs en faisant attention à ce que veulent les gens ». L’Action catholique ouvrière appelle chacune et chacun à investir tous les espaces de vie démocratique dans les syndicats, partis, associations, municipalités ou paroisses et à dialoguer. Faisons nôtre le thème choisi par le Pape François à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié : « Vers un ‘nous’ toujours plus grand : rêver comme une seule humanité ». Quels que soient les résultats de ces élections, gardons l’espoir. Continuons de construire ensemble, d’agir au service du bien commun pour remettre l’être humain debout et faire vivre la fraternité en construisant l’avenir du monde.
ACO, le 24 février 2022