Les dernières élections européennes nous ont donné l'occasion de nous concentrer sur la mosaïque riche et diverse que représente l'Union européenne. En même temps, c'est l'occasion de réfléchir à ce qu'a été et est l'UE et à l'orientation qu'elle devrait prendre dans un avenir proche.

Le concept de l'UE est celui d'une maison commune habitée par des personnes de caractères, de coutumes et de positions très différents. C'est une richesse énorme qui doit être respectée et entretenue. En même temps, il faut dire que, pour les mêmes raisons, notre continent n'est pas un paradis et que la coexistence n'a naturellement pas toujours été idyllique, car il existe de nombreuses réalités que nous considérons - à juste titre - douloureuses, désagréables ou regrettables.

Mais commençons par là, pour qu'il apparaisse peut-être à la fin de cette réflexion. Dès le début, l'objectif principal de l'Union européenne a été la coexistence pacifique des nations. Et il faut dire que cet objectif a été atteint d'une manière merveilleuse. Nous sommes privilégiés que l'Europe ait connu une longue période de paix, ce qui, d'un point de vue historique, est exceptionnel. La préférence a été donnée à la résolution des conflits autour d'une table, sur la base du dialogue.

Crise de valeurs

Au cours de la période écoulée, l'UE a dû faire face à un certain nombre d'adversités qui ont menacé sa cohésion. L'UE a subi d'importants tests avec des phénomènes tels que le brexit, la crise migratoire ou le terrorisme qui ont divisé le continent et renforcé les tendances anti-européennes.

Cependant, au-delà des événements et des faits visibles, il est nécessaire de réfléchir aux motifs et aux raisons de ces comportements. Dans la plupart des cas, nous concluons que nous vivons une crise majeure des valeurs. L'Europe perd conscience de ses racines chrétiennes, mais, en même temps, il est plus qu'évident qu'elle en a besoin et qu'elle doit y retourner. Il est plus urgent aujourd'hui qu'auparavant de promouvoir la solidarité, de lutter contre l'égoïsme et l'individualisme qui conduisent au désintérêt pour les autres. L'une des tâches premières de l'Europe à l'avenir sera donc de rétablir la hiérarchie des valeurs et de lutter pour le respect de tous les peuples et pour leur dignité. L'Union européenne en tant qu'institution peut - et doit - jouer un rôle important dans ce processus.

Dignité des personnes

En ce sens, il est essentiel que les politiques de l'UE apprécient la personne, l'individu, comme il le mérite, qu'on ne place pas ses propres intérêts, son profit économique ou ses intérêts nationaux au centre, qu'on lutte contre “l'économie qui tue“, comme le dit le pape. L'UE doit coopérer activement à ce changement et être guidée par les critères de la dignité humaine, en garantissant aux travailleurs des conditions équitables et des salaires adéquats qui soient suffisants pour subvenir aux besoins de leur famille.

Journée de travail et droit au repos

Dans un monde de plus en plus numérisé, il est essentiel de réglementer le temps de travail, en particulier pour les personnes qui travaillent à distance, depuis leur domicile, car une trop grande flexibilité du temps de travail affecte la vie familiale et estompe les frontières entre travail et temps "libre". Des périodes de repos fixes sont donc nécessaires. C'est pourquoi il est indispensable de réserver un jour de repos pour la semaine, de préférence le dimanche, qui, pour nous chrétiens, a une dimension plus profonde. Ces exigences, dont la liste reste évidemment très incomplète, nous amènent à la conclusion qu'il est toujours plus difficile pour un travailleur de concilier vie professionnelle et vie familiale.

Le nouveau parlement issu des élections doit défendre ces valeurs et essayer - sans recourir au nationalisme ou au populisme - de maintenir une certaine stabilité, fondée sur le dialogue et tenant compte du bien de notre maison commune.

 

Par Petr Koutny, Président du MTCE, mai 2019