"Un salaire égal pour un travail égal -
entre une forte approbation et une mise en œuvre déficiente"
En tant que responsables des mouvements de travailleurs chrétiens d’Europe nous prenons la parole.
Nous venons du Portugal, d'Espagne, de France, de Suisse, de République tchèque, d'Autriche, d'Allemagne et du Tyrol du Sud et de Lituanie nous nous sommes réunis pour réfléchir à la situation des femmes dans le monde du travail et dans nos sociétés et pour tirer des conclusions communes pour notre engagement.
Nous faisons le constat suivant :
- L'écart salarial (gender pay gap) reste scandaleusement élevé, jusqu'à 20%, il stagne depuis ces dernières années et ne se comble guère de manière perceptible. La fonction publique offre une situation un peu meilleure.
- les femmes et les filles obtiennent souvent de meilleurs résultats dans nos systèmes scolaires et de formation, pourtant elles sont sous-représentées dans les emplois de haut niveau et les fonctions de direction dans tous les pays. Dans certains pays, les jeunes femmes sont touchées de manière disproportionnée par le chômage endémique des jeunes.
- Dans tous les pays, les femmes se taillent la part du lion dans le travail domestique non rémunéré, (menage, soins aux enfants et aux anciens) avec une proportion pouvant atteindre 85%. Moins disponibles, elles sont fortement employées à temps partiel, dans des emplois précaires et/ou à durée déterminée et dans des mini-jobs.
- Dans tous les pays, les femmes sont surreprésentées dans l'ensemble des professions de soins et dans le domaine de l'éducation, où elles représentent jusqu'à 80% des effectifs. Les professions dans lesquelles les femmes sont majoritaires sont toujours nettement moins bien rémunérées et moins considérées ce qui ne motive pas les hommes á s’y intéresser.
- la protection sociale est directement liée au travail rémunéré : ceci provoque une plus grande inégalité de ressources. La pauvreté des femmes dans la vieillesse est une réalité amère pour nombre d’entre elles
- Dans tous les pays, un nouvel antiféminisme notamment accentué par la montée de l’extrême-droite est perceptible, il s'oppose de manière militante aux droits des femmes. Certains communautarismes relèguent les femmes dans une situation d’infériorité
- Dans les pays d'Afrique, les femmes sont les plus touchées et les plus menacées par les catastrophes climatiques, car elles sont les principales pourvoyeuses de fonds de leurs familles.
En tant que MTCE, nous nous engageons dans l'esprit de la doctrine sociale catholique pour une société qui permette une bonne vie pour tous. L’humain doit être au centre de l'économie et pouvoir organiser sa vie en toute liberté et indépendance sociale.
Nous nous engageons résolument pour la dignité personnelle de tous les travailleurs, partout dans le monde, indépendamment de leur origine, de leur langue maternelle ou de leur ethnie.
Nous sommes solidaires des travailleurs, en particulier de ceux qui effectuent un travail de soin à la personne ou qui sont employés dans le secteur informel.
Nous nous engageons donc en faveur de mesures visant à l'égalité complète des femmes dans tous les pays et toutes les sociétés. Cela concerne le niveau de l'Etat et de l'économie privée, ainsi que l'Eglise catholique.
Dans nos engagements personnel syndicaux et associatifs, et avec nos mouvements nous nous engageons a agir a la conscientisation de tous et à faire avancer les sujets suivants :
- l'obligation pour les entreprises de verser un salaire égal pour un travail égal ;
- non discrimination des salariés à temps partiel ;
- l’aménagement des horaires et les conditions de travail de manière à permettre aux hommes et aux femmes de concilier vie familiale et vie professionnelle ;
- une sécurité d'existence à la retraite, indépendamment des revenus du travail et de la carrière professionnelle ;
- une répartition équitable du travail de soin entre les hommes et les femmes ;
- une réduction générale du temps de travail pour tous sans diminution de salaire afin de disposer du temps nécessaire pour tous les domaines de la vie - notamment les besoins des familles, le travail culturel, les activités d'intérêt général ;
- la régularisation du statut de séjour des personnes travaillant dans l'économie souterraine ou informelle. Les migrants, en particulier, doivent obtenir des salaires décents grâce à des emplois soumis à la sécurité sociale ;
- le soutien solidaire et conséquent de tous les syndicats aux revendications des employés dans les métiers de l'aide et des soins ;
- une prise de position claire de tous les acteurs politiques contre la nouvelle montée de l'antiféminisme ;
- le soutien des femmes, en particulier en Afrique, dans les programmes de formation en tant qu'actrices de la lutte contre le changement climatique et la destruction de la nature, pour assurer la sécurité d'existence.
Rendons visible les invisibles, ne perdons pas notre capacité à rêver un monde ou l’homme et la femme seront premiers et reconnu a l’image du royaume de Dieu. Par nos actions nous savons qu’il deviendra réalité.